Ça vaut toujours la peine de terminer en beauté ce qu’on
aime.
C’est avec cette petite pensée en tête que je me suis rendu
à St-Félicien en fin de semaine, pour le championnat québécois de
cross-country.
Petite pensée anodine et quétaine, certes, mais empreinte d’un
petit côté spirituel. Pour moi, c’était essentiel, mon abandon de Baie St-Paul
devait cicatriser. Je devais renouer avec le cross-country, terminer une course
sur une bonne note, sans regret ni amertume.
Mon choix s’est arrêté au championnat québécois. J’adore le
parcours de St-Félicien, pourquoi m’en priver. Pas de repos, ni monté ni
descente interminable, mais tout de même un dénivelé appréciable. On ne s’y
ennuie pas, comme dans des montagnes russes.
Le même genre de montagnes russes qu’à Baie St-Paul. Et
comble de similitude, la pluie tombait non pas à boire, mais à se noyer debout.
En voiture, alors que je me dirigeais vers le Lac St-Jean, le déluge était tel
qu’il ne manquait plus que Noé et son arche. Remarquez, j’aurais préféré savoir
le barbu et son troupeau de rescapés m’attendant à destination, question de
dormir au sec. He non. Camping, les amis. Et il faudra monter la tente. Aussi
bien se préparer mentalement.
Arrivée à destination. Alexie, ma petite sœur participait
aux épreuves de sprint du vendredi soir en plein centre-ville. Le spectacle s’annonçait
divertissant ; non seulement le parcours était aménagé dans les règles de l’art
(curves-banks, bosses de chameau et petits sauts), mais les jeunes sont
reconnus pour ne pas se ménager quand il s’agit d’épater la galerie. L’ennui, c’est
qu’il pleuvait, que c’était glissant, et qu’Alexie est tombée au premier round.
Heureusement, elle était consolable, prête à participer aux trois autres
épreuves de la fin de semaine. Moi, j’optais pour un réconfortant repas au
resto avant de m’immerger dans l’humidité de ma tente.
Déjà que la taille des terrains de camping du centre de ski est
comparable à la propriété immobilière d’un schtroumpf et que les moustiques
sont gros comme des poires transgéniques, il fallut que tout soit trempé. Et
pas une, mais deux nuits de camping avec des prévisions météorologiques qui manquant
cruellement d’optimisme.
Trêves de pleurnichage. Question de me faire plaisir, samedi,
la veille de la course de cross-country, j’allais explorer les sentiers du coin,
non pas à vélo, mais à course à pied. Plutôt inhabituel de courir la veille d’une
épreuve, mais ô combien ce fut plaisant. Les sentiers sont magnifiques,
parfaits pour du trailrunning, et les
moustiques sont rapides comme des dopés, à l’assaut des marcheurs. De toute
façon, ça aurait été ridicule et suicidaire de marcher, en proie aux hostilités
des maringouins.
J'aime bien ces souliers ces temps-ci. |
Le lendemain venu, place au spirituel. J’ai participé à
beaucoup de courses de vélo dans ma vie, mais jamais à une « dernière
course ». Étrange sensation. Étrange
motivation. Et dans des habits tout neufs en plus, puisque l’équipe d’Espresso
Sport vient tout juste de les recevoir. Mais voilà : j’allais me faire
plaisir. Je suis parti bon dernier, sans souffrance, pour rouler à bon rythme
par la suite, en pleine zone confortable, sans soucis de résultat. Un bon
effort tout de même, mais avec un esprit de réconciliation envers moi-même
plutôt que de performance sportive. Comble du bonheur, au bord du parcours,
certains ne manquèrent pas de m’encourager dans mon chemin de croix. Merci tout
spécial à Jacques Galarneau, commentateur et animateur de l’événement, pour ses
bons mots d’encouragement tout au long de la course. Ses bonnes paroles solidaires
firent toute la différence.
Et maintenant ?
Ma « dernière course » officiellement derrière moi,
je peux dormir sur mes deux oreilles, et si l’envie se pointe, retenter l’expérience
de la course de vélo. Peut-être plus tôt que tard, sait-on jamais.
C’est un dénouement un peu plus heureux que le précédent,
non?
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