lundi 25 février 2013

Le vieux qui courrait


Dans un moment de confortable oisiveté intellectuelle, perdu dans les tréfonds d’Internet, je suis tombé sur une petite nouvelle internationale des plus dignes de mention.

Peut-être avez-vous entendu parler de Fauja Singh, cet athlète londonien adepte de course de fond, particulièrement de marathon. L’homme en question s’apprête à prendre sa retraite de la compétition et donnera une dernière prestation la fin de semaine prochaine au marathon de Hong Kong. Jusqu’ici rien d’extraordinaire.

Ce qui est un peu moins banal, c’est que le monsieur est âgé de 101 ans. Et détenteur de plusieurs records du monde en plus, chez les plus de 100 ans. 8h25  au marathon de Toronto en 2011 et 23 secondes 40 pour le 100 mètres. J’aimerais bien voir Hussein Bolt rendu à cet âge-là…

Non mais regardez-moi ça. Un maître, un surhomme, un véritable mahatma. Le look n’est pas mal non plus.


Être dans les pantoufles d’un cardinal, je voterais pour lui comme prochain Pape. Ce qui est encore plus remarquable, c’est qu’il a commencé à courir à l’âge de 88 ans. Comme quoi il n’est jamais trop tard.
Tout ceci est fort bien inspirant. Nous aussi, amateurs de sports vélocipédiques pouvons nous prosterner devant nos légendes.

Il y a peu, un français réconfortait de par ses exploits ceux qui parmi nous craignent la vieillesse. Vous avez entendu parler de Robert Marchand ? C’est le détenteur du record de l’heure de cyclisme sur piste chez les plus de 100 ans. Non, pas sur un tricycle. En bonne et due forme, sur une piste de vélodrome, au guidon de son vélo de route, pour 24,1 kilomètres. 102 ans, le petit vieux. Petit vieux pour qui ?


Plus proche de nous, à 75 ans, la légende locale Guiseppe Marinoni vient tout juste d’élever la barre du record de l’heure pour les plus de 75 ans. 35,7 kilomètres, et selon ses dires, l’athlète n’avait pas de bonnes jambes cette journée-là.

« Pas de bonnes jambes », ou encore « tassez-vous les jeunes, papi va vous montrer comment on fait. »


L’autre jour, je me suis collé à la force de l’âge. J’étais sur la fin d’une ballade de trois heures de ski de fond, et sur le chemin du retour, j’ai rencontré une de nos légendes locales laurentiennes.  Alors que je commençais à halluciner des barres tendres,  que mes triceps fournissaient autant de vigueur qu’une tisane à la camomille et que je cogitais sur un diner plutôt copieux, je suis tombé sur Paul Letourneau. Je ne révèlerai pas son âge, mais sachez qu’il pourrait très bien être mon grand-père.

Il me fit donc l’honneur d’agrémenter ma sortie de sa compagnie. C’est qu’il a tout de même un palmarès impressionnant, dont le titre de champion du monde de vélo de montagne chez les masters 45+ au début des années 1990. Au-delà de son palmarès, sa glisse n’est pas mal non plus. Assez pour faire défiler les cinq ou six kilomètres qui me restaient un peu plus rapidement que ce que prévoyaient mes triceps brisés.   

Malgré le rythme soulignons le en dehors de la traditionnelle « zone 1 », il me raconte qu’il en est à environ 60 sorties sur ses skis depuis le début de l’hiver. C’est environ le nombre de jours aux conditions skiables depuis décembre.

Nous déambulions ainsi à un rythme plus ou moins confortable. Paul me suivait, et je pouvais sentir l’aisance et la fluidité de son pas de patin. Il me dépasse le vieux calvaire. L’honneur veut que je m’accroche et que je suive, mais tout de même…  

La prochaine fois, j’apporterai une ou deux barres tendres supplémentaires pour suivre la force de l’âge. 

mardi 5 février 2013

La marmotte à vélo


Le moment où je sors de chez moi et que j’ai l’air de partir pour une partie de course à pied ou de ski de fond correspond à un instant de stress intense pour mon chien. Il se demande alors s’il aura le privilège de m’accompagner ou s’il devra compter les infinies secondes qui précèderont mon retour.

Vous devriez voir son regard lorsque je m’apprête à ouvrir la porte pour sortir. Plus anxieux que ça, c’est la paralysie cérébrale à tout coup. Mais à mes yeux, il ne semble pas être le seul à se faire dans la culotte en attendant mon retour.

Depuis que j’ai reçu mon vélo de montagne, je ne sais pas si c’est moi qui deviens fou, mais parfois j’ai l’impression que mon jouet tout neuf  me supplie de ne pas laisser la poussière s’y accumuler.

En fin de semaine, j’ai cédé à la démence. Mon vélo m’aboyait qu’il ne se pouvait plus. Heureusement,  l’occasion s’est présentée pour sortir l’engin en question. Les gens du Centre National de cyclisme de Bromont ont eu l’aimable idée d’organiser une épreuve amicale de vélo de montagne : la Course de la marmotte.

Donc samedi matin,  j’ai remis en marche la petite routine d’avant course. Liste des choses à ne pas oublier : Casque, check. Soulier, check. Tisane chaude, check. C’est que le thermomètre affiche tout de même un -15 degrés, de quoi priver toutes sensations du bout des orteils.

Malgré le froid, l’organisation avait un petit côté chaleureux qui fit vite oublier les bouts de pied paralysés. Nous n’étions pas une armée à nous être déplacés, mais tous étaient heureux de sortir leur monture. En plus, quasiment pas de neige sur un sol dur comme du béton !

Et go. Tiens, c’est déjà parti. On tourne en rond autour du Centre, quelques virages dans la pumptrack, et hop! On débarque et saute par-dessus les barrières de cyclocross. 17 tours au total pour 42 minutes de course. Ça va vite et ça goûte le sang gelé dans le fond de la gorge, avec un arrière-goût de beigne. Une bouchée de timbit donnait droit à 15 secondes de boni…



Félicitations à tous ceux qui étaient présents, autant pour l’organisation que pour ceux qui participaient. On remet ça bientôt, j’espère.

Ah oui, la marmotte aussi s’est prêtée au jeu. Après 5 ou 6 tours, elle a bunké.  Espérons tout de même que le printemps viendra plus tôt que tard et apaisera pour de bon mon délire de vélo parlant.