jeudi 22 mars 2012

Californie, prise deux

D’un point de vue extérieur, l’entrainement hivernal d’un cycliste tient du ridicule. Pédaler tel un hamster dans son sous-sol des heures durant, se soumettre des mouvements en apparence grotesques au gym, faire son trois heures de « marche rapide » en raquette, tout ceci n’est pas garant de plaisir.

Certes, j’apprécie les joies de l’hiver, j’aime bien mes skis de fond, je m’y évade, loin de la monotonie du rouleau. La coupure saisonnière m’est salvatrice des exigences de la saison de course. Mais là, ma patience avait atteint un sommet. Trop de rouleau, trop de moments à pédaler seul face au mur, pas assez d’air sifflant dans mes oreilles.  

Heureusement, le Sud m’a convié à un second camp d’entrainement bien au chaud. Pour la deuxième fois cette année, j’ai profité de la clémence du climat californien. Au programme : dix jours d’entrainement en vélo de montagne, toujours avec l’équipe du Québec. Il n’y a rien de mieux que de rouler sous un soleil sudiste, cette fois sur les sentiers légendaires qui ont vu naître mon bien aimé sport. (Eh oui, le vélo de montagne fut en partie inventé en Californie). Aucune simulation, que des cailloux, du sable et des cactus.


Au dernier tour du XC
Ce fut pour moi l’occasion de participer à ma première course de l’année. Les 10 et 11 mars, j’ai pris part aux trois épreuves respectives de la US Cup à Bonelli Park, en banlieue de Los Angeles. Un cross country le samedi avec un super D en soirée, suivi d’un short track le dimanche. Je me suis contenté du 25e rang en cross country. J’aurais espéré mieux, mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut. Il me manquait la petite dose de nitro, le kick indispensable pour attaquer. De plus, un caillou a sauvagement agressé le flanc de mon pneu arrière lors du dernier tour. Je fus contraint de terminer le dernier tour à un rythme peinard, laissant la joie de me dépasser à quelques coureurs excités par la perspective d’un gain de positions. Tout de même, pour une course aussi précoce dans le calendrier, je suis satisfait, d’autant plus que le niveau en US cup est un peu plus élevé que celui en coupe Canada. En soirée, le super D fut amusant, malgré une longue attente pour seulement un cinq minutes de course.   

Les joies du Short Track
Le lendemain eut lieu le short track. Une épreuve de force où le jeu consiste à se faire mal. Très mal. Les règles sont simples : sur un parcours en boucle d’une durée d’environ deux minutes et demi, les coureurs roulent à fond pendant 20 minutes, après quoi l’officiel signale aux survivants qu’il reste deux tours pour achever les plus faibles. Lorsque les coureurs de tête vous rattrapent, vous êtes sortis. J’ai vraiment tout donné, mais ce type d’épreuve n’est vraiment pas ma force. On m’indiqua la sortie après 15 minutes de calvaire. Pour une première expérience, j’ai beaucoup appris : je ne savais pas qu’il était volontairement possible de se faire aussi mal.  

Pour la suite du camp, moi et mes confrères de l’équipe du Québec nous sommes dirigés vers l’est, dans la ville de Palm Springs, pour une semaine de vrai vélo de montagne. En arrivant dans cette région, le choc fut brutal. Palm Springs se compare à une colonie martienne tout droit sortie d’un roman de science-fiction. Dans une vallée désertique entourée de montagnes rocailleuses trône cette ville verdoyante. Tout est beau, tout est vert, tout est arrosé. D’où provient toute cette eau ? On l’ignore, mais ce n’est probablement pas du pipi de serpent. Cette communauté abonde de gentils et riches retraités qui y coulent des jours paisibles. Aussi, visiblement appelée à un destin tout autre que celui d’aller jouer au bingo au volant d’un rutilant Lincoln Navigator, la communauté hispanophone y est bien implantée. Ils tondent le gazon, arrosent les fleurs et préparent de délicieux burritos. Tout ce que vous n’avez pas envie de faire. Comme quoi l’ethnicité des classes sociales est bien marquée à Palm Spring, comme l’abondance de taco grills.  

La piscine en question
Le passage de notre motel proche de Bonelli à notre maison de Palm Spring fut contrastant. Dans cette demeure, tout était immense, cher et m’as-tu-vu. Bref, très américain. Pour notre bon plaisir, nous avions une grande piscine, un terrain de basket, un magnifique jardin parsemé de fontaines et un titanesque barbecue qui aurait rendu jaloux même l’animateur obèse du food chanel. Bien entendu, toute cette luxure nous fut très profitable.



Et que dire du vélo de montagne ? Le plus beau que j’ai fait depuis bien des temps. Ces sentiers rocailleux me donnèrent une bonne occasion d’améliorer mon pilotage, un atout négligé par l’entrainement de sous sol. Nous avons fait de superbes randonnées et de bons entrainements. Les collines avoisinantes de Palm Springs regorgent de sentiers qui se prêtèrent à de bonnes sorties de groupe, à des entrainements spécifiques et à des tests de terrains. Sans oublier le chaud soleil qui malmène la peau des imprudents qui boudent la crème solaire.

À l'assaut des montagnes

Bref, je reviens bronzé, avec ce tan qui en dehors de la communauté cycliste parait ridicule (marques de bas, cuissard, jersey et sangles de casque). Il me reste deux bons mois pour peaufiner ma préparation en vue des premières courses qui compteront pour de vrai, soit les coupes Canada du mois de mai. Heureusement pour moi, le beau temps semble comprendre mon écoeurantite de rouleau. Depuis que je suis revenu, soit quatre jours, j’ai roulé quatre jours à l’extérieur en cuissards courts. Vive le printemps.  
                                                                                               


mardi 6 mars 2012

What would Chuck Norris Do ?


Il y a un bon vieux dicton que j’aime bien : What would Chuck Norris do ? Par moment d’insécurité psychologique, ces paroles parviennent toujours à me ragaillardir. Un vrai mantra.
Hier fut une de ces journées inspirantes et privilégiées où je m’adonnais à ce sport qui me passionne, en compagnie du bon vieux Chuck Norris. L’athlète, le coureur des bois, le Tarzan des sentiers.

Pour l’occasion, faute de saison estivale, nous arpentions les pistes de raquette.
Chuck Norris ne fait pas les choses à moitié. Celui-ci se jette avec passion dans les sentiers. Rapide, il enchaine les virages avec puissance, colle au sol pour accélérer énergiquement, bondit au-delà des obstacles. On dirait presque qu’il vole. Un artiste.

Le torse bombé, le cosaque impose son rythme. Gare aux paisibles raquetteurs qui ne se doutent pas de sa venue. Il survient derrière eux, tel un ninja. Pas de temps pour s’arrêter, hormis peut-être pour remettre à sa place un aboyeur qui faisait un peu trop le fier. Simple question de hiérarchie.

Vous l’aurez compris, Chuck est mon fidèle compagnon canin. Une brave bête. Ça ne prend pas grand-chose pour le combler : une chevauchée dans les bois, des pulsations cardiaques à 250 BPM et de l’écume plein la gueule. Sans oublier l’occasion de lever la patte pour affirmer qu’il est le maître des lieux…

Mais tout comme moi, Chuck s’impatiente devant l’hiver qui s’étire. Or lui n’a pas la chance de s’envoler vers la Californie pour se repaître d’authentiques sentiers de vélo. He oui, je reprends l’avion, direction Los Angeles.

Ce sera mon deuxième camp d’entrainement de l’année, toujours avec l’équipe du Québec. Au programme, une US Cup dès mon arrivée (XC, Super D et ShortTrack) et un peu plus d’une semaine à rouler, pour de vrai. Fini de faire semblant, fini de rouler sur la neige, fini le calvaire stationnaire de sous-sol.

J’ai bien hâte de voir le résultat de l’entraînement. Il fut quelque peu spartiate. Souhaitons que la forme soit à la hauteur.

Je ne manquerai pas d’avoir une pensée pour Chuck sur la ligne de départ de cette première course. La clé réside dans la capacité à se mettre dans le même état d’esprit que mon compagnon canin : une chevauchée dans les bois, des pulsations cardiaques à 250 BPM et de l’écume plein la gueule. Le tout avec une béatitude inouïe, enterrant la rigueur de l’entraînement hivernal.