mardi 31 janvier 2012

Calendrier musclé


Je pédalais tout bonnement face au mur de mon sous-sol, pensant à ce merveilleux graphique en pleine production, quand soudain un malencontreux questionnement me traversa l’esprit : qu'est-ce que je fous là ?

C’est le genre de souci qui sème le doute lors d’un aride effort.  Malgré toute la motivation qui excitait mon coup de pédale sur le trainer, je remarquai qu’il pleuvait autant dehors qu’en pleine saison sèche du Sahara. Il faisait beau et le mercure affichait un confortable -5 degrés. Moi, je m’astreignais à mes cruels intervalles. Six-fois-six-minutes-à-85%-et-t’es-déjà-à-bloc-dans-le-deuxième-lâche-pas-vieux-t’en-reste-juste-quatre. Pas de musique, un petit bruit de dérailleur à vous dérailler les nerfs et juste assez d’eau pour tenir.

Le ski de fond devait être super beau. Le ski alpin aussi d’ailleurs, du moins les remonte-pentes auraient manifesté plus de clémence à l’égard de mon postérieur.  

Quatre minutes de récupération entre deux intervalles, c’est assez pour me ressaisir. Trêve de démotivation, je rassure ma pensée initiale : la saison approche à grande roue et son début ne fera pas dans la modestie. Faudra être affûté.

En effet, le calendrier 2012 est plutôt condensé. Toutes les compétitions importantes se dérouleront au début de la saison. En six semaines, du 19 mai au 30 juin, se succèderont trois coupes Canada, le championnat canadien et les deux coupes du monde nord-américaines. Cinq courses capitales, décisives pour le reste de l’été.

Décisives pour l’équipe du Québec, décisives pour l’équipe nationale, les championnats du monde et les jeux olympiques, et décisives pour mon égo.

Après ça, que reste-t-il ? Quelques coupes Québec et le championnat provincial. Bon, faudra s’y faire. Sinon, pour prolonger un peu la saison, subsistent les Jeux olympiques et les championnats mondiaux. Fantasque lubie ? Pour les Jeux, on oublie ça. Mais les championnats mondiaux, pourquoi pas ? Cette perspective me titille juste assez les mollets pour affronter avec hardiesse le troisième intervalle. Le quatrième, le cinquième et le sixième aussi. Bref, ce qui se résulta en un coloré graphique dont vous avez le loisir d’admirer en début d’article.  

Utopique comme éventualité ? Je n’en suis pas si sur. Ce que je sais, c’est que contre toute attente, j’ai représenté l’unifolié en 2010 chez le moins de 23 ans pour les championnats mondiaux. Donc je me permets de caresser ce rêve de gouter à nouveau à cet honneur.
Heureux ceux qui cultivent des rêves. Mais les rêves exigent des sacrifices et peu de rêveurs survivent. Sixième intervalle, mes jambes survivent. Finalement ce n’était pas si mal, j’en aurais bien pris un autre, me gratifiais-je.

Un peu plus tard, je reçus la confirmation : le ski de fond était en effet très beau,  ce que me rapportèrent de bienheureux fondeurs. 

mardi 17 janvier 2012

Escapade californienne

Permettez-moi d’éclaircir l’usage que je ferai de ce blogue. Quelques chroniques relatant mes exploits et mes déboires de coureur cycliste défileront au gré de mes envies. Également, j’exposerai certaines pensées qui m’empêchent de dormir. (Par exemple, qu’est-ce qui me pousse à enfourcher mon vélo toujours du même côté)

Puisqu’il le faut, je commencerai par un aperçu de ma préparation pour les compétitions à venir. Je reviens tout juste de Californie, où la température à cette période de l’année ressemble beaucoup à celle du Québec, hormis le – précédant le 25 degrés. Ce fut parfait comme préambule à mon entraînement hivernal : un peu de volume avec les athlètes et les coachs de l’équipe du Québec de vélo de montagne, le tout aux alentours d’Oceanside, ville alliant de décontractés surfeurs à de spartiates marines. 35 heures de bitume pour dix jours sous le soleil. Ce fut comme rouler au Québec, sauf qu’au lieu d’éviter des nids-de-poule, je dus prendre garde aux citrons quittant leurs branches pour se casser la gueule sous nos pneus. Un vrai paradis, et j’en reviens bronzé avec les traditionnelles marques de montre, cuissards, bas et courroies de casque.

Les gens de l’équipe du Québec sont tous dévoués, en particulier les trois coachs qui nous accompagnaient. Je ne peux m’empêcher de mentionner Claude Lajoie, professeur à l’Université de Trois-Rivières (aussi tortionnaire d’athlètes à ses heures), qui nous a soumis à son test assez éprouvant. Imaginez ceci : vous vous élancez pour un sprint maximal, sans aucun dosage d’effort, vous prolongez le tout sur 3 minutes en vidant toute vitalité. La sensation dans les bronches suite à ce calvaire doit probablement ressembler à ce que doit endurer un fumeur atteint d’un cancer de la gorge.


Autant le stage fut agréable, profitable, instructif et tout ce que vous voulez, autant nous sommes tous de beaux et bons athlètes prometteurs qui adorons parler de nous. Bref, ceci étant dit, je dois faire part d’une contrariété dont j’ai été victime, ce qui sera mon unique recours dans ma détresse.

J’irai droit au but avec cette première déclaration : les gens d’Air Canada sont de véritables fripons. Les vols (dans les deux sens du terme) dans lesquels je siégeais se sont traduits en perte de temps, d’argent et de toute compassion à l’égard des compagnies aériennes.
Le trajet pour l’aller fut un peu contrariant, avec un correspondance à Toronto impossible à réaliser dans les délais. Résultat : je suis arrivé avec trois heures de retard à Los Angeles. Jusqu’ici, ça demeure dans l’acceptable.

Le vol de retour tient du ridicule. Le départ était prévu de LA à 8h du matin, nous sommes partis avec un 40 minutes de retard, juste assez pour manquer notre transfert à Toronto. Toronto : une fois la calamité du retard digérée, je file au carrousel récupérer mes bagages. Ma boîte de vélo arrive, le cœur me lève. Elle est éventrée, victime des bagagistes qui n’éprouvent apparemment aucune pitié à l’égard des choses qui vous tiennent à cœur. Je me plains donc au responsable d’Air Canada, qui me remet aux bons soins d’un « porteur » censé nous aider, moi et un autre dont la boîte avait également passé à la casse. Nous nous dirigeons vers l’enregistrement dans l’espoir de siéger sur un prochain vol, quand ce fripon de « porteur », après 50 mètres à pousser nos bagages, nous réclame de l’argent. C’est assez crapuleux, compte tenu du fait que cet individu fut dépêché par le responsable d’Air Canada, le tout dans le but de résoudre ces désagréments, et sans nous aviser au préalable de ces frais.

Par peur de manquer le prochain vol, nous payons ce suce-la-cenne et embarquons finalement pour Montréal. Il est 18h30, nous étions censés arriver initialement à 18h15 au Québec. Devinez quoi : l’avion ne décolle pas, il est brisé. Respirons par les narines. Le prochain part à 21h30. Respirons par les deux narines. Le gentil personnel de l’avion tente maladroitement de racheter les torts de la compagnie en nous adressant un chaleureux « à la prochaine ».

Enfin, après une petite fortune dépensée en victuailles de toutes sortes dans les restaurants aux prix prohibitifs de l’endroit, nous partons pour Montréal. Nous sortons de l’avion, mon bagage semble s’y cacher. Du moins, je l’espère. Eh non, il s’est égaré. C’est ce que j’apprends après avoir épié attentivement le carrousel pendant plus d’une heure. Mon vélo lui est tout de même là, et c’est à exactement à 23h55 que je franchis la porte de l’aéroport, vers la maison, nu comme un vers (mon manteau étant bien sûr dans mon bagage). Ce n’est que le lendemain que je constate la gravité des dégâts. Une bonne partie de la peinture de ma fourche s’est envolée suite aux soins des bagagistes.

Air Canada, ils ne sont pas prêts de me revoir, la prochaine fois, je considère l’option d’y aller en bicycle à pédale.