Je suis un tricheur et je l’assume entièrement.
J’habite un pays sans pitié pour les rêveurs de bitume propre
et de sentiers secs. L’appel du chaud climat est plus qu’invitant, il est
magnétique.
Or voilà : selon les lois de la nature, j’aurais dû
étendre ma saison de ski de fond, pédaler encore sur place, coincé entre quatre
murs. Tant qu’à y être pourquoi ne pas faire du ski à roulette dans la noirceur
d’un stationnement souterrain, question de devenir fou ? Or, la fourberie s’est
encore emparée de moi. Il faut dire que je prends grand plaisir à déjouer les
malveillances météorologiques.
Une fois de plus, j’ai traversé la frontière pour pédaler au
grand air. Destination : Cape Cod, Massachusetts, pour quelques jours de
vélo de montagne.
Tricherie ? Je considère ça plutôt comme jouer son joker
alors que le jeu s’éternise, afin de déjouer toute éventuelle aliénation
mentale.
À pareille date l’an dernier, j’avais joué la même carte pour
profiter des sentiers de la péninsule qui selon la rumeur sèchent très rapidement en début de
saison. Vérifications faites, le séchage du sol est plutôt précoce, et les
sentiers paradisiaques. Or, je m’étais blessé au genou, ce qui me confina à l’hôtel,
loin du plaisir sur deux roues.
L’idée de répéter ce scénario me plaisait autant que la
perspective de rouler nu l’hiver. Comble du bonheur, mon genou a eu la
bienveillance de collaborer à mon bon plaisir.
C’est avec une trentaine de membres du club C3/Vélo Pays d’en-Haut
que j’ai passé le week-end de Pâques en sol américain, pour la deuxième édition de ce camps d’entraînement
appelé à devenir tradition. J’ai donc pu exercer mon art dans de vrais
sentiers. Au total : un peu plus d’une quinzaine d’heures à rouler dans du
single track à faire rêver, technique à souhait, roulant par bouts, et sinueux.
En bref : juste parfait.
Au passage, je me suis livré à quelques entraînements un peu
plus spécifiques à la course de vélo de montagne, question de réveiller mes
réflexes. Entre autres, avec quelques jeunes du club, nous avons joué à un jeu
bien sympathique, soit celui de pratiquer des départs de course. Tout était bien
distrayant, jusqu’à ce qu’un cadet se joigne à la partie, étoffant quelque peu
le niveau d’acide lactique résultant de chaque intervalle. Les cadets ont la
réputation de partir « à bloc » comme on dit. J’étais à bloc. Notez
le faciès de mon concurrent sur la photo, vous comprendrez.
Adam Roberge, champion cadet des départs "à bloc" |
Question de jouer, nous nous sommes imprégnés de la culture
locale, très américaine, pour un jeu à saveur culinaire. Le dernier soir, c’est
dans un restaurant au concept digne du prix Nobel de la joie que tout s’est
conclu en beauté. Le Brazillian Grill’s
est un établissement qui propose un menu des plus alléchants. En plus d’un
buffet où vous sont servis toutes sortes de délicieux petits plats, une armée
de serveurs circule parmi les tables tout en vous offrant diverses pièces de
viandes les plus réconfortantes les unes que les autres : agneau, filet
mignon, steak au fromage, cœur de poulet, enrobé de bacon par moment. Et bien
sûr, tout ceci à volonté.
Le jeu y est fort simple : il s’agit d’ingurgiter le
plus de chair possible. La troupe de jeunes estomacs qui m’accompagnait excellant
dans cet art de décimer les troupeaux, je ne serais pas surpris que l’établissement
ait frôlé la ruine ce soir-là.
Le lendemain, retour dans le froid et le vent québécois. C’était
la dernière carte à mon jeu. Il ne me reste plus qu’à apprécier les nids de
poules et mes habits de Neoprene en
attendant l’abdication de l’hiver tyrannique.
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