Dans un moment de confortable oisiveté intellectuelle, perdu
dans les tréfonds d’Internet, je suis tombé sur une petite nouvelle
internationale des plus dignes de mention.
Peut-être avez-vous entendu parler de Fauja Singh, cet
athlète londonien adepte de course de fond, particulièrement de marathon.
L’homme en question s’apprête à prendre sa retraite de la compétition et donnera
une dernière prestation la fin de semaine prochaine au marathon de Hong Kong.
Jusqu’ici rien d’extraordinaire.
Ce qui est un peu moins banal, c’est que le monsieur est âgé
de 101 ans. Et détenteur de plusieurs records du monde en plus, chez les plus
de 100 ans. 8h25 au marathon de Toronto
en 2011 et 23 secondes 40 pour le 100 mètres. J’aimerais bien voir Hussein Bolt
rendu à cet âge-là…
Non mais regardez-moi ça. Un maître, un surhomme, un
véritable mahatma. Le look n’est pas mal non plus.
Être dans les pantoufles d’un cardinal, je voterais pour lui
comme prochain Pape. Ce qui est encore plus remarquable, c’est qu’il a commencé
à courir à l’âge de 88 ans. Comme quoi il n’est jamais trop tard.
Tout ceci est fort bien inspirant. Nous aussi, amateurs de sports
vélocipédiques pouvons nous prosterner devant nos légendes.
Il y a peu, un français réconfortait de par ses exploits ceux
qui parmi nous craignent la vieillesse. Vous avez entendu parler de Robert
Marchand ? C’est le détenteur du record de l’heure de cyclisme sur piste chez les
plus de 100 ans. Non, pas sur un tricycle. En bonne et due forme, sur une piste
de vélodrome, au guidon de son vélo de route, pour 24,1 kilomètres. 102 ans, le
petit vieux. Petit vieux pour qui ?
Plus proche de nous, à 75 ans, la légende locale Guiseppe
Marinoni vient tout juste d’élever la barre du record de l’heure pour les plus
de 75 ans. 35,7 kilomètres, et selon ses dires, l’athlète n’avait pas de bonnes
jambes cette journée-là.
« Pas de bonnes
jambes », ou encore « tassez-vous
les jeunes, papi va vous montrer comment on fait. »
L’autre jour, je me suis collé à la force de l’âge. J’étais
sur la fin d’une ballade de trois heures de ski de fond, et sur le chemin du
retour, j’ai rencontré une de nos légendes locales laurentiennes. Alors que je commençais à halluciner des
barres tendres, que mes triceps
fournissaient autant de vigueur qu’une tisane à la camomille et que je cogitais
sur un diner plutôt copieux, je suis tombé sur Paul Letourneau. Je ne révèlerai
pas son âge, mais sachez qu’il pourrait très bien être mon grand-père.
Il me fit donc l’honneur d’agrémenter ma sortie de sa
compagnie. C’est qu’il a tout de même un palmarès impressionnant, dont le titre
de champion du monde de vélo de montagne chez les masters 45+ au début des
années 1990. Au-delà de son palmarès, sa glisse n’est pas mal non plus. Assez
pour faire défiler les cinq ou six kilomètres qui me restaient un peu plus
rapidement que ce que prévoyaient mes triceps brisés.
Malgré le rythme soulignons le en dehors de la
traditionnelle « zone 1 », il me raconte qu’il en est à environ 60
sorties sur ses skis depuis le début de l’hiver. C’est environ le nombre de
jours aux conditions skiables depuis décembre.
Nous déambulions ainsi à un rythme plus ou moins
confortable. Paul me suivait, et je pouvais sentir l’aisance et la fluidité de
son pas de patin. Il me dépasse le vieux calvaire. L’honneur veut que je m’accroche
et que je suive, mais tout de même…
La prochaine fois, j’apporterai une ou deux barres tendres supplémentaires
pour suivre la force de l’âge.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire