Parfois, quand j’évoque que je viens tout juste de prendre
mes aises sur mon vélo de route pour un petit 80 kilomètres de bitumes, les
yeux ronds des néophytes en matière de toutes choses vélocipédiques me
dévisagent. Deux choses alors se passent : un sentiment de supériorité
athlétique s’empare de moi. (Avouez-le, nous autres cyclistes avons tous déjà
goûté à cette mégalomanie). Deuxièmement, ça se devine, ils se réconfortent en visualisant
la distance parcourue dans le confort d’une voiture. Imaginez la réaction s’il
était question de 80 kilomètres non pas d’asphalte, ni de terre battue et
encore moins de pavés du mythique Paris-Roubais, mais plutôt de 80 bornes de
sentiers et de single track parcourus à dos de vélo de montagne.
Jouissif. Rien qu’à y songer, j’ai envie de lancer par la
fenêtre cette machine à écrire et de me les enfiler ces 80 bornes. Nenni, jours
de repos.
J’en viens au fait : le calendrier de course québécois
n’a pas dit son dernier mot. Les grosses épreuves de cross country se sont accaparées
pas mal toutes mes fins de semaine depuis un bon mois et demi, ne laissant que
quelques dates éparses sur ce qui reste de la saison. C’est là qu’arrivent à la
rescousse les raids, courses d’endurance soumettant autant le physique que le
mental. Joie, plaisir et volupté.
Voici maintenant le scénario à venir d’une fin de saison enivrante :
je dirige désormais mon énergie à me préparer en vue du championnat national de
raid. En plus, l’événement a lieu cette année dans des sentiers à la mode, soit
ceux de St-Raymond-de-Portneuf.
Une des choses que j’ai apprise avec l’entrainement, c’est
qu’il faut y aller progressivement. Le raid Vélomag, voilà l’occasion rêvée de tester et d’aguerrir mes mollets. Les voici, mes 80 kilomètres de « prélassement »,
où je me confirmerai si je suis apte à enfiler une bonne distance. Mentalement,
ça devrait aller. Après avoir participé à l’édition 2009, amicalement surnommée
« vélomarde », je n’entretiens plus de craintes. La solitude de l’enfer
des chemins boueux, des rivières torrentielles, des lignes d’Hydro sans fin,
tout ceci ne m’effraie plus. C’est plutôt le physique qui m’inquiète, quoique
ça aille de mieux en mieux. Je complète tout juste ma première semaine de 15
heures de pédalage depuis belle lurette et le genou tient le coup. Du coup, je
souris, je ris et je m’amuse un peu plus, tout comme mes bonnes jambes qui
semblent reprendre du service.
Je dis qu’il faut y aller progressivement, puisque
St-Raymond-de-Portneuf, c’est tout près de 100 kilomètres de sentiers qui dévisageraient
le plus pur des néophytes. 97 bornes pour être exact. De quoi me permettre d’abuser
un brin de mégalomanie. Un accomplissement qui se glisserait bien dans une
conversation de celui qui fait pipi le plus loin, ou tout simplement pour
impressionner les foules.
Question d’impressionner, mon début de saison n’a rien d’enviable,
quoique j’ai sauvé l’honneur au championnat national la fin de semaine
dernière. Je m’y suis bien battu et j’y termine 11e, mieux que l’an
dernier où j’avais décroché la 13e position. J’espérais tout de même
une 8e place qui m’aurait fourni 20 points UCI et mon billet pour
les coupes du monde. Ce sera une prochaine fois.
En attendant, j’ai marqué d’une croix blanche la date du 26
août, celle de l’épique chevauchée de 97 kilomètres, et tel un Jules César, tel
un Kanye West, tel un Kadhafi du peloton, je porterai mes plus beaux habits,
exhiberai des sourires de douleur aux photographes et impressionnerai tous les « el
bo frère » de ce monde.
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