dimanche 19 mai 2013

Une classe à part


Les athlètes figurant dans le top 20 mondial sont d’une classe à part. Corps et réflexes affûtés, ils vont vite, toujours prêts à aller à la guerre.

Le lendemain d’une compétition, alors que les muscles dorment encore, quoi de mieux que de récupérer en regardant ces motivés de la pédale se faire aller les pattes. Comble du bonheur, on diffusait ce matin en simultané la coupe du monde d’Albstadt en Allemagne. Parfait pour cette matinée de récupération, digérant mon amère déception de la veille.

Une fois de plus, l’imprévisibilité de la course de vélo de montagne m’a sauté en pleine figure.

Raphaël, notre héros local, est parti bien vite. De quoi faire rêver la plupart d’entre nous qui le voyait flirter dans le top-15. Malheureusement, ce fut éphémère. Espérons que ce ne soit que partie remise.

Embêté par un pépin mécanique, le champion du monde en titre Nino Schurter du céder quelques secondes à la légende française Julien Absalon. Il n’en fallut pas moins pour que  l’homme fort français mène le bal. Cinq tours à fond de train, cinq tours à la hauteur de la réputation. Jusqu’à l’improbable.

À la télé, on s’habituait à voir le cavalier seul en tête. Mais voilà que les commentateurs s’inquiètent ; on ne le voit plus. Soudain, la domination du dieu s’évanouit, l’homme trottine maladroitement vélo sur l’épaule. Sa roue pend derrière, et la zone de support technique semble aussi loin que son optimisme.

Un choix difficile s’impose : abandonner la course pour cause de bris mécanique, abandonner la course parce que ça ne va pas bien, parce que ça ne sert à rien de continuer, pour éviter de se brûler pour une 20e ou une 30e position, pour éviter l’humiliation, ou tout simplement finir coûte que coûte.

Nul besoin de se languir, son choix se dessine rapidement. À la reprise vidéo, on le voit franchir la banderole en bordure du parcours, balancer son vélo au sol, lâcher quelques jurons que l’on imagine bien français. Un classique pu*** de me*** se dessine sur ses lèvres. Il n’en faut pas moins pour comprendre qu’il renonce.
En interview, le manager de son équipe partageait son étonnement.

J’aurais préféré le voir terminer coûte que coûte, le voir se battre jusqu’à la fin, me soulever devant une lutte pour une 10e, une 15e ou une 20e place, une lutte épique pour l’honneur. Le spectacle en aurait été que plus captivant.

Or, un peu à l’image du jour où j’ai appris que le père Noël n’existait pas, je me suis souvenu que les grands champions parfois faiblissent aussi. Décevant. Tout jeune, on m’a appris à ne pas abandonner une course de vélo au moindre prétexte. À quoi bon, si le grand manitou flanche lorsqu’il ne gagne pas ?

Nino Schurter, au mérite de son maillot arc-en-ciel, s’accroche et termine 18e.

Retour sur mon épreuve à moi : hier, c’était la première coupe Canada de la saison qui se tenait au mont Tremblant. Un peu moins glamour qu’une coupe du monde, mais tout de même, ce matin mes jambes et mes bras étaient aussi vigoureux que la ténacité de la star française.

Hier matin, c’était tout autrement. La forme au rendez-vous, j’avais bien hâte au départ. Le plan de match : partir vite afin d’éviter l’attroupement à l’orée du bois. Pour mes modestes capacités du domaine des départs rapides, ce fut plutôt réussi. C’est dans le top-15 que je m’engouffre  dans le premier single track. C’était de bon augure.

Première descente : rocailleuse à souhait. Comme le destin ne fait pas que des cadeaux, mon pneu arrière ne put résister à mon manque de fluidité. Il a renoncé à subir la rudesse de mon pilotage. Je m’arrête pour regonfler à la fois le pneumatique et ma motivation, puis repars après mon retard. Il n’en faut que peu pour que la fuite d’air récidive.

Je me rends prudemment jusqu’au ravitaillement, change ma roue de peine et de misère, puis retourne à l’assaut, gonflé à bloc. Changement de scénario : j’entreprends ce qui m’est bien familier, soit une course de rattrapage.

Je remonte continuellement les positions pour franchir le fil au 26e rang. Amère, voire humiliante déception. Aurais-je mieux fait d’abandonner, d’éviter ce résultat papier et de sauver les apparences? Peut-être, mais j’aurais manqué une bonne occasion d'entraînement, une bonne occasion de repousser mes limites, et au final une bonne occasion d'être fier de moi. 

1 commentaire:

  1. good job a Tremblant

    comme toi, mon pneu arriere a flanché et n'a pas voulu se regonfler par la suite. Tellement dommage, j'adore le pacours, sa grimpe, c'est beau, bah, next time!

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