Les athlètes figurant dans le top 20 mondial sont d’une
classe à part. Corps et réflexes affûtés, ils vont vite, toujours prêts à aller
à la guerre.
Le lendemain d’une compétition, alors que les muscles dorment
encore, quoi de mieux que de récupérer en regardant ces motivés de la pédale se
faire aller les pattes. Comble du bonheur, on diffusait ce matin en simultané
la coupe du monde d’Albstadt en Allemagne. Parfait pour cette matinée de
récupération, digérant mon amère déception de la veille.
Une fois de plus, l’imprévisibilité de la course de vélo de
montagne m’a sauté en pleine figure.
Raphaël, notre héros local, est parti bien vite. De quoi
faire rêver la plupart d’entre nous qui le voyait flirter dans le top-15. Malheureusement,
ce fut éphémère. Espérons que ce ne soit que partie remise.
Embêté par un pépin mécanique, le champion du monde en titre
Nino Schurter du céder quelques secondes à la légende française Julien Absalon.
Il n’en fallut pas moins pour que l’homme
fort français mène le bal. Cinq tours à fond de train, cinq tours à la hauteur de
la réputation. Jusqu’à l’improbable.
À la télé, on s’habituait à voir le cavalier seul en tête. Mais
voilà que les commentateurs s’inquiètent ; on ne le voit plus. Soudain, la
domination du dieu s’évanouit, l’homme trottine maladroitement vélo sur l’épaule.
Sa roue pend derrière, et la zone de support technique semble aussi loin que son
optimisme.
Un choix difficile s’impose : abandonner la course pour
cause de bris mécanique, abandonner la course parce que ça ne va pas bien, parce
que ça ne sert à rien de continuer, pour éviter de se brûler pour une 20e
ou une 30e position, pour éviter l’humiliation, ou tout simplement finir
coûte que coûte.
Nul besoin de se languir, son choix se dessine rapidement. À
la reprise vidéo, on le voit franchir la banderole en bordure du parcours, balancer
son vélo au sol, lâcher quelques jurons que l’on imagine bien français. Un
classique pu*** de me*** se dessine
sur ses lèvres. Il n’en faut pas moins pour comprendre qu’il renonce.
En interview, le manager de son équipe partageait son
étonnement.
J’aurais préféré le voir terminer coûte que coûte, le voir
se battre jusqu’à la fin, me soulever devant une lutte pour une 10e,
une 15e ou une 20e place, une lutte épique pour l’honneur.
Le spectacle en aurait été que plus captivant.
Or, un peu à l’image du jour où j’ai appris que le père Noël
n’existait pas, je me suis souvenu que les grands champions parfois faiblissent
aussi. Décevant. Tout jeune, on m’a appris à ne pas abandonner une course de
vélo au moindre prétexte. À quoi bon, si le grand manitou flanche lorsqu’il ne
gagne pas ?
Nino Schurter, au mérite de son maillot arc-en-ciel, s’accroche
et termine 18e.
Retour sur mon épreuve à moi : hier, c’était la première
coupe Canada de la saison qui se tenait au mont Tremblant. Un peu moins glamour
qu’une coupe du monde, mais tout de même, ce matin mes jambes et mes bras étaient
aussi vigoureux que la ténacité de la star française.
Hier matin, c’était tout autrement. La forme au rendez-vous,
j’avais bien hâte au départ. Le plan de match : partir vite afin d’éviter l’attroupement
à l’orée du bois. Pour mes modestes capacités du domaine des départs rapides,
ce fut plutôt réussi. C’est dans le top-15 que je m’engouffre dans le premier single track. C’était de bon
augure.
Première descente : rocailleuse à souhait. Comme le
destin ne fait pas que des cadeaux, mon pneu arrière ne put résister à mon
manque de fluidité. Il a renoncé à subir la rudesse de mon pilotage. Je m’arrête
pour regonfler à la fois le pneumatique et ma motivation, puis repars après mon
retard. Il n’en faut que peu pour que la fuite d’air récidive.
Je me rends prudemment jusqu’au ravitaillement, change ma
roue de peine et de misère, puis retourne à l’assaut, gonflé à bloc. Changement
de scénario : j’entreprends ce qui m’est bien familier, soit une course de
rattrapage.
Je remonte continuellement les positions pour franchir le
fil au 26e rang. Amère, voire humiliante déception. Aurais-je mieux
fait d’abandonner, d’éviter ce résultat papier et de sauver les apparences? Peut-être, mais j’aurais manqué une bonne occasion d'entraînement, une bonne occasion de repousser mes limites, et au final une bonne occasion d'être fier de moi.
good job a Tremblant
RépondreSupprimercomme toi, mon pneu arriere a flanché et n'a pas voulu se regonfler par la suite. Tellement dommage, j'adore le pacours, sa grimpe, c'est beau, bah, next time!