Mon expérience en matière de blessures sportives me permet
d’affirmer ceci : la plupart du temps, cela ne tient que du ridicule.
Qui n’apprécie pas exposer une entaille glorieuse, gage de
témérité et de courage ? Pour ceux qui se sont délecté du classique film Slap Shot, j’aime bien emprunter les
séducteurs propos du personnage de Maurice : « Ça s’tune coupure très
profonde, ergarde. »
Dans mon cas, chaque chute à vélo m’ayant été fatale
découlait d’un rien du tout. Vulgaire accident de parcours suivit d’acrobaties
ridicules, avec comme final une lésion corporelle.
Un grotesque incident s’est ajouté hier à mon palmarès. Je
participais à la dernière course régionale avant le raid Bras-du-Nord en fin de
semaine prochaine, et comble du malheur, le ridicule sévit de nouveau.
Cette course faisait partie des ultimes efforts dans ma préparation
finale, mais le destin en a voulu autrement.
Seulement vingt minutes après que les loups furent relâchés,
seul en tête, j’affrontais le ridicule. Sur
une section du parcours au dénivelé égal à zéro, alors que je me concentrais à
pousser sur les pédales, l’une d’elles heurta un caillou. Le choc fut assez
brutal pour que, contrairement à ma pédale étampée sur la roche, mon vélo et
moi-même poursuivions notre lancée dans le faussé. Seul moment soi-disant
glorieux : un gracieux vol plané au final de l’acrobatie.
Je râle, j’ai mal partout, et pire que tout je suis
contrarié. Mon guidon est désaxé et mon casque fendu. Taïaut! Dans un moment de
lubie, j’envisage de repartir à l’assaut du parcours. Mon épaule qui émet un craquement
suspect alors que je me relève me ramène à l’ordre. Sortir du bois sera déjà
bien assez.
Le diagnostic est clair : j’ai le ligament coracoïdien
mal en point, en plus d’une légère commotion. Aujourd’hui j’ai l’épaule gauche enflée
comme ma déception de devoir prendre encore du repos. Ça semble plutôt foutu
pour le raid dans une semaine.
J’admets donc que ma saison se termine aujourd’hui. Fin du
chapitre. Pas du livre. Je demeure motivé à me dépasser dans le monde de la course
à vélo.
Avec la saison que j’ai eue, j’avoue avoir eu quelques
questionnements, quelques doutes à savoir si je désirais poursuivre. Tous ces
bobos et ces coups de malchances s’accompagnent inévitablement d’instants de
réflexion.
Après délibération, j’en viens à la conclusion que l’essentiel
demeure : le vélo, la compétition et le vent caressant mes oreilles m’apportent
toujours le même plaisir.
Pour l’heure, question de profiter de ce qui reste des jours
avant le début de l’école, place à quelque temps au bord de la mer, à ne rien
faire du tout hormis contempler mon épaule en train de dégonfler.
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