J’annonçais avec joie il y a quelque temps que cet automne, j’aspirais
à franchir la mythique distance du marathon. Malheureusement, ce ne sera pas le
cas.
Ce n’est pas l’envie qui manque. Seulement, mon corps brisé ne
suit pas la cadence. Côté cardio, je n’ai rien à me reprocher, et mon mental
est plutôt accro aux longues distances. C’est plutôt dans la mécanique que ça
casse.
J’ai couru à plusieurs reprises, mais comme de nombreux
amateurs, je me suis blessé. D’abord le pied, puis la cheville, et enfin le
genou. Désolante contrariété, forfait tout compris au royaume des blessures de
course.
C’était bien agréable de jouer à l’homme de Neandertal, de gambader
longtemps sans me soucier de mes jambes normalement fidèles à la moulinette.
Mais voilà : ma carcasse est bonne pour un abonnement annuel
chez tous les ostéopathes et physiothérapeutes de ce monde.
Heureusement, l’automne c’est le temps des résolutions pour
le sportif qui s’entraîne un tant soit peu sérieusement. Ma résolution à moi
sera de me lancer dans un remaniement complet de châssis.
Ça fait quelques années que je traine un déséquilibre des hanches,
déséquilibre qui s’est dangereusement accentué dans la dernière année. J’ai
donc entrepris de ramener à l’ordre ma hanche récalcitrante, en visitant un
ostéopathe des plus renommés.
J’ai rencontré ledit ostéopathe il y a une dizaine de jours.
Comme j’en ai plus que marre de trainer ce déséquilibre, j’ai averti la
praticienne en question que j’étais près à y aller all-out. Que ça prenne un an, que j’ai à maîtriser la split, à m’inscrire
à un cours de yoga sur la tête, à manger que du vert en purée, ça ne me dérange
pas. Faut ce qui faut, et je suis prêt. Allez! Fais de moi ton Frankenstein, ta
poupée ventriloque, ta créature. Je m’abandonne à tes soins. Le traitement
fut mythique.
Dix jours plus tard, je me lève et j’ai mal partout. Tout
croche, je peine à marcher 5 minutes sans penser que mon corps a atteint le
vénérable âge de 103 ans. Ça fait dix jours que ça s’accentue, que ce qui me
sert de corps me fait souffrir.
Mais tiens, cet après-midi, plus de souffrance. Je me sens
droit et aligner comme les roues d’un char neuf. Quand je marche, c’est comme
si j’étais fraîchement descendu du lift.
Eh bien tiens, un petit jogging s’impose. Et hop! 20 minutes bien relax. Mais
quelle est cette sensation? Des hanches droites? Fluide et délicieux mouvement,
n’abusons pas.
Si tout va bien, je retente l’expérience demain. Ensuite, si
tout va toujours comme sur des roulettes, j’abuserai bien volontiers de mes
skis, de mes vélos et de tout ce qui me fait pomper un peu de sang et triper au passage.