Le ciel menace de tomber, le compteur affiche plus de 120
kilomètres, le vent violente chaque coup de pédale. La maison est loin, ma
dernière barre de céréale épuisée depuis longtemps, l’optimisme des corbeaux se
consolide.
Voilà déjà quelque temps que je cogite sur l’idée d’appeler au
secours. Mon genou commençant à s’impatienter, il n’en manquait peu pour que
mon téléphone fasse son office. Un bref coup d’œil à mon coéquipier derrière
moi ; l’excédent de bave et son regard vitreux m’indiquent qu’il s’accroche, en
mode survie. Il reste une soixantaine de kilomètres. C’est bon vieux, assez
jouer pour aujourd’hui, j’appelle la cavalerie. Maman, j’ai-faim-venir-me-chercher-m’amener-de-la bouffe-si-vous-plait.
En bonne mère, elle obtempère et s’empresse d’arriver à la rescousse, l’auto
chargée de gâteaux faits maison. Bénie soit-elle.
Dans la voiture, nous constatons notre maladresse : pour
une balade de 180 kilomètres dans les terres perdues des Laurentides, partir à
bloc la première heure et demie relevait peut-être finalement du suicide. On remet ça le plus tôt possible, et on se
traine quelques sandwichs aux œufs pour tenir le coup, nous
promettons-nous.
Voilà le genre d’activité à laquelle je m’adonne lorsque
j’écoute mes envies immédiates, ce à quoi je me suis livré cette semaine.
L’état d’esprit idéal pour méditer sur mes désirs de performance à vélo.
Le résultat de cette introspection : j’en arrive à la
conclusion que je suis mûr pour de nouveaux défis. Longtemps je me suis investi
à fond dans le cross country olympique. Jamais je n’ai suffi à mes aspirations,
peut-être un brin démesurées. Quelques bons résultats font si aisément miroiter
des perspectives de gloire exponentielle sur deux roues. Mais à quel prix ?
Ce prix, mon hypothèque ne me le permet plus. Pour le XCO, je
crois avoir fait le tour de la question, et j’en arrive à un moment décisif : l’acharnement
jusqu’à écœurement ou la quête du plaisir. Le choix semble simple.
En termes de notoriété, certes, le cross country olympique
demeure l’épreuve la plus glamour. Tant
pour les fédérations sportives que pour l’olympisme et le spectacle. Mais pas
pour mon enthousiasme. Et je le concède, les courtes distances me conviennent
tout aussi bien qu’un marathon à un escargot.
Plus les distances s’éternisent, expansive est ma forme,
jubilatoire est mon moral. Place aux raids, aux épreuves marathon et aux
courses par étapes. Sus aux longs parcours, aux distances démesurées et à l’abus
d’effort diesel. Dorénavant, je ne priverai plus, puisque tel est mon bon
plaisir.
Ce n’est pas la fin de mon aventure en cross-country
olympique, simplement, je fais place à de nouveaux défis. On me verra tout de
même grimacer lors de plusieurs épreuves de xco, probablement pour les
championnats provinciaux et nationaux, en plus de quelques coupes du Québec. Cependant,
l’objectif majeur en sera tout autrement : cette année, je me ferai
douceur aux championnats nationaux de cross-country marathon (xcm), en plus de
quelques raids. L’an prochain, j’ajoute quelques courses par étapes : BC
bike race, Transrockies, pour ne nommer que celle-là.
Ah oui, et comme je ne prive plus de me faire douceur, je
foulerai terre, roches et racines pour quelques épreuves de course en sentiers,
d’ici la fin de l’été. (Sans roues, et bien sur deux jambes !) Courir en
sentier a toujours été pour moi une activité des plus plaisantes. Pourquoi m’en
priver?
Enfin, je suis fier d’introduire un tout nouveau
commanditaire : Julbo. L’entreprise
française fabrique de jolies et surtout performantes lunettes de soleil que j’arbore
maintenant avec fierté et bon goût.
Et bien sûr pour mon bon plaisir.
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